Elle ouvre les yeux. Une lumière inconnue lui fait plisser les paupières. Elle les referme. Elle doit probablement croire en un rêve. Elle s’attend encore à retrouver la pièce grise de sa vie, avec toutes ses petites habitudes bien rangées. Elle s’étire dans ses draps blancs. Le lit est grand. Aucune limite ne contrarie ses mouvements. Ses paupières timides s’ouvrent à nouveau. Son avant bras se lève, pour protéger ses yeux qui depuis bien longtemps, n’attendaient plus cette lumière.
Un vent frais venu de la mer fait danser ses cheveux bruns. Les rayons transversaux du soleil dissolvent les ombres, embrasent la pièce. Elle s’appuie sur son coude, se relève, hésitante. Par la fenêtre en face d’elle, s’étend l’immensité du bleu du ciel.
Changer de vie. Cela semblait impossible, tellement de contraintes, de culpabilité. Il y avait toujours une bonne raison de reporter au lendemain. Dès qu’elle s’éloignait de sa petite pièce grise, les fantômes du passé se réveillaient et l’attrapaient par les pieds. Ils lui disaient que ce ne pouvait pas être elle, qui allait se laisser pousser des ailes pour s’envoler à la découverte de l’univers. Dans cette chambre, la paresse imbibait les murs, le spectre noir de la morale guettait chaque pas de travers. Et quand bien même, jamais elle ne serait assez intelligente pour le faire. Non, ce devait être impossible.
Mais ce matin là, sa pièce grise, elle en a déjà oublié les contours, ainsi que la position de tous ces objets compliqués dans lesquels elle se prenait les pieds. Il fallait faire attention à tout. Chaque minute était une exigence. Le devoir de ne pas être soi même.
Ses jambes glissent des draps, elle regarde par la fenêtre. Ce matin, le bleu du ciel est une évidence. Au dessus des nuages, le soleil a toujours été présent. Elle découvre sa nouvelle pièce, son palais. Au fond, rien n’a changé. Elle y a toujours habité dans ses rêves.
Une vie nouvelle s’ouvre à elle.