Que vous vous définissiez hypersensible, surdoué, zébré (parmi vos autres traits de personnalité) ou qu'aucun de ces termes ne vous convienne vraiment, certaines des caractéristiques décrites vous touchent lorsque vous lisez sur le sujet. Vous êtes candidat, recruteur, dirigeant, entrepreneur, à la recherche d'un associé ou d'un projet dans lequel investir : l'intention de cet article est de vous inspirer à trouver vos propres réponses pour faire une de ces rencontres que parfois vous n'espérez plus, d'une personne, d'une équipe, avec qui vous vous sentiriez vraiment bien; une rencontre si juste, si évidente, si belle, qu'elle ouvrirait sur un océan bleu de possibles. L'intention n'est pas de prétendre énoncer des vérités vraies pour tous, ni de se substituer à toute démarche diagnostique, c'est un article de coaching, conçu pour les personnes en bonne santé psychique, pas de psychologie.

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Hypersensible, surdoué, zébré, ou encore haut potentiel intellectuel : j'utiliserai le mot à 7 lettres de surdoué et vous laisserai imaginer à la place le terme qui vous convient le mieux pour décrire ces personnes atypiques, sensibles aux plus petits détails qui veulent tout dire, ultra-rapides et aux intuitions fulgurantes, qui se sentent parfois si seules et hors du monde même lorsqu'elles sont entourées d'un grand réseau; ces personnes qui ne demanderaient qu'à s'envoler mais dont les ailes immenses, gênantes, se coincent souvent dans un monde encore si étriqué; ces personnes qui ne font preuve que de sincérité lorsqu'elles disent qu'elles ne peuvent s'empêcher de penser à l'échelle de l'univers. Ces personnes sont entières, et fuient les rencontres superficielles. Elles aiment la beauté du travail bien fait jusque dans ses ultimes détails, la précision, recherchent la logique, la cohérence, l'efficience, l'innovation. Elles sont en quête de vérité, de parler vrai, d'authenticité. Elles placent leurs équipes avant elles, et le vrai service rendu au client avant tout le reste. Lorsqu'elles recherchent un employeur, un employé, un associé, un partenaire, elles aimeraient tant faire une rencontre où elles se sentiraient parfaitement en confiance. Une rencontre magique, une rencontre qui donne plus d'énergie qu'une journée ensoleillée; une rencontre qui rappellerait que l'on est pas seul à vivre si intensément. Une rencontre qui donnerait - directement ou indirectement - des ailes à vos projets.

Pour faire de belles rencontres, peut être conviendrait-il d'abord de se rencontrer soi-même. Posez-vous la question de ce que vous donnez à voir à l'extérieur, s'agit-il de vous-même ? Donnez-vous à voir au monde ce que vous êtes à l'intérieur ? Nous sommes encore largement influencés, à un niveau inconscient, par les contes de fées, où un jour, une personne (une organisation, un entrepreneur, un investisseur) découvrira avec stupéfaction et émerveillement nos richesses intérieures (ou les richesses de notre entreprise). Beaucoup de surdoués, managers et dirigeants, me disent qu'en faisant bien leurs missions, avec professionnalisme et efficacité, ils seront un jour remarqués pour ce qu'ils sont.

En réalité, ces personnes surdouées savent très bien, mais n'osent s'avouer, qu'il leur faudra un jour prendre le risque de briller, de rayonner pleinement ce qu'elles sont à l'intérieur. Comme une étoile qui déploie ses flammes dans le froid de l'espace et donne alors à voir la beauté de l'univers. Et alors, ils seront remarqués par ceux qui eux-mêmes, un jour, se sont dits que l'existence était trop belle pour ne pas prendre le risque d'éclairer le néant, de lancer ses flammes dans la solitude au risque de ne trouver personne. Et s'en suivront alors des rencontres professionnelles belles et magiques. Des rencontres qui ouvrent sur tant de possibles.

Et là, pour une partie de ces personnes hypersensibles, à qui l'on a tellement dit qu'elles devaient se cacher, que l'on a culpabilisé d'afficher leurs talents, le simple fait de penser à briller les plongent dans l'angoisse, l'anxiété, le malaise. Comment oser être soi-même quand à l'école comme en famille on a souvent reçu l'injonction de se cacher, de s'excuser d'exister, sous le prétexte d'être pourvu de cette différence qui dérange ? Comment oser être soi-même quand, pour survivre, on a parfois dû se construire une personnalité de façade, sur laquelle on a basé toute sa vie familiale et professionnelle ? Comment oser être soi-même, quand parfois, on sent que cela signifierait tout quitter ? Quel sens de déployer ses ailes pour s'envoler vers un autre horizon, si c'est pour laisser derrière soi ses proches, sa carrière ?...

Peut-être déjà pour la simple sensation de sentir l'air frais traverser ses ailes, se sentir vivre, se sentir exister, même le cœur lourd.

Vous pouvez penser en lisant ces lignes que l'article s'adresse ici aux personnes surdouées en début de carrière ou qui ont encore des ombres à dépasser. Tant de dirigeantes et de dirigeants, déjà brillants dans la mission qu'on leur a confiée, seraient géniaux s'ils s'impliquaient vraiment, en tant que surdoués, en s'assumant pleinement, en s'incarnant dans leurs actions.

Simone de Beauvoir disait que l'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient. Il en est de même, pour ces personnes surdouées et hypersensibles, qui homme comme femme ont d'ailleurs la caractéristique d'avoir en eux une forte énergie féminine, et un esprit naturellement ouvert, conséquence directe de ce fonctionnement en arborescence qui part à l'exploration de l'univers, même refoulé tout au fond à l'intérieur de soi lorsqu'il reste des blessures à dépasser.

La douance est bien plus qu'un mot à la mode. C'est ce vécu si intense et complexe. C'est la sensation que nous sommes encore si petits, enfermés dans des croyances qui ignorent l'immensité du monde, et qu'il y a tant à explorer. C'est cette chose qui donne une intuition dont vous aimeriez parfois bien vous passer; cette caractéristique que l'on aimerait enterrer, ne surtout porter à la connaissance de personne, cacher, car ça dérange, car ça remet trop de choses en question. Et pourtant cette chose que l'on a, à l'instar de toute différence, il convient au contraire d'oser la porter au regard du monde, d'oser défendre les besoins qui en découlent, pour faire vraiment société, pour avancer ensemble.

Exemple : le talent surdoué ou Asperger, en exprimant son besoin de clarté dans les relations, son besoin que l'on se centre plus sur l'efficience et de remettre à l'ordre du jour le professionnalisme et la responsabilité partagée, exprime en réalité le besoin de tous

" les organisations publiques et privées ont de plus en plus besoin d'intelligences différentes pour rester pérennes et construire l'avenir "

Je trouve inquiétant de voir le nombre de jeunes surdoués, Asperger ou hypersensibles, avec tant de potentiel, et souvent des femmes, me faire part de leur culpabilité de réussir, de gagner de l'argent et de s'émanciper, de briller; culpabilité qui commence dès l'évocation du diagnostic Asperger ou de douance qu'elles hésitent à réaliser. Au-delà des questions philosophiques que cela soulève, cette culpabilité représente très concrètement un manque à gagner pour les organisations publiques et privées qui ont de plus en plus besoin d'intelligences différentes (originales, disruptives, sensibles aux détails, prospectives, empathiques, intuitives) pour rester pérennes et construire l'avenir.

Le surdoué se sent parfois responsable de tout, au travail comme en famille, et adopte une attitude de sauveur qui empêche tout un chacun de faire face à ses propres enjeux et de s'en émanciper. C'est tellement plus simple de ne pas trop exister, de maintenir le statu quo, pour continuer à être aimé, pour ne pas être rejeté. Les raisons sont nombreuses pour rester dans l'ombre : l'équilibre familial et professionnel, la sécurité financière, d'autant plus dans le contexte que nous connaissons. Combien de personnes surdouées ne s'accordent pas même la liberté d'être bien, de vivre dans un environnement qui respecte leur sensibilité, d'avoir accès à la beauté.

Il conviendrait d'ancrer dans nos esprits que tous les prétextes seront bons pour empêcher l'être humain d'être libre, d'exprimer sa différence et de vivre comme il l'entend; cette liberté au prix toujours apparemment déraisonnable, et pourtant si essentielle.

Oser être soi-même n'est pas sans risques, en équipe comme en famille. S'assumer, cela réveille la colère de ceux qui ont encore trop de blessures pour avoir la force de s'envoler, y compris parfois celles des personnes qui pouvaient sembler les plus proches. Oser être soi-même fait éclater la vérité sur ce que nous sommes, sur les intentions de notre entourage et sur le fonctionnement du monde. Oser être soi-même, c'est oser se transformer, car c'est libérer son Soi de sa chrysalide. Oser être soi-même, c'est devenir suffisamment adulte pour libérer son enfant intérieur.

" Oser être soi-même donne une crédibilité, une image de solidité, de rigueur, d'honnêteté, qui peut apporter une forme irremplaçable de sécurité professionnelle "

Oser être soi-même n'est pas une décision qui se prend à la légère. Nous n'avons pas toujours les moyens ni la force de le faire (exemple : trouble psychologique à régler avant, problème de santé). Oser être soi-même est un acte symbolique extrêmement fort, un acte de courage, de noblesse, un acte qui nous dépasse, un acte d'affirmation de la liberté de l'Homme et donc fondamentalement progressiste.

Je pose l'hypothèse qu'être soi-même, cela fait se détourner beaucoup de monde de son chemin, et à la fois, pour ceux qui décident d'y rester, cela donne une crédibilité, une image de solidité, de rigueur, d'honnêteté, qui peut apporter une forme irremplaçable de sécurité professionnelle.

Exemple : oser maintenir, envers et contre tout, la proposition d'un nouveau concept, lorsque l'on sent, au plus profond de soi, que le marché l'adoptera.

Alors, faut-il pour autant tout quitter : métier, famille, pays ? Dans certains cas, c'est la dernière possibilité d'émancipation possible, mais dans certains cas seulement. Certains surdoués, souvent jeunes, décident de tout quitter, ou presque (tour du monde non suffisamment préparé, démission sur la base d'un simple conflit, déplacement à l'étranger sans lucidité alors qu'il s'agissait plus de trouver cet étranger en soi...) et parfois, cela relève autant d'une fuite que de continuer à s'adapter et de tout laisser inchangé. Changement brutal et irréfléchi ou absence de changement ne sont-ils pas la matérialisation du même concept, celui de la fuite devant l'immensité de Soi ?

Nous pourrions presque croire en un sort qui aurait été jeté à certaines personnes surdouées : au moment où leur réseau se consolide, au moment où, après un long chemin, leur entreprise (pour le dirigeant) ou leur carrière voient arriver l'embellie, beaucoup s'en vont vivre ailleurs, souvent sur un coup de tête. Le dirigeant se repositionne parce que la pression est trop forte. Le cadre se remet en recherche car il s'ennuie. Et les arguments semblent parfois d'un manque de lucidité étrange, même si la démarche est profondément compréhensible : oser accepter de se sentir bien, oser s'autoriser à s'envoler enfin, cela remue toutes les dimensions de soi.

Au travail comme en famille, dans notre manière de communiquer, il y a deux manières de se faire respecter et de s'affirmer (pour schématiser). 

La première, c'est lorsque nous réagissons - à une remarque perçue comme blessante par exemple - car une zone d'ombre vient d'être touchée. Dans ce cas, il convient simplement d'accueillir ses émotions, de préserver l'entourage du reflet de ses propres blessures et de travailler sur soi.

Exemple : trouver son responsable illégitime, car il s'exprime et s'impose alors qu'il ne dispose pas de toutes les informations, car cela fait écho à sa propre difficulté à se sentir soi-même légitime en osant simplement s'appuyer sur son intuition.

Et il y a la deuxième qui se matérialise par une affirmation posée, qui vient du plus profond de soi, à la fois sans compromis et sans agressivité, à la fois solide et apaisante comme une montagne. Nous sommes souvent étonnés de voir que cette affirmation aussi forte que minimaliste est beaucoup plus appréciée que nous l'imaginons dans le monde professionnel : cette affirmation de soi ne doute pas d'elle-même, s'autoproclame légitime, et en reflet, naturellement, l'entourage la perçoit comme légitime aussi, car elle ne vient pas d'une blessure mais de son Soi idéal, ce Soi profond qui nous habite et réside par delà les illusions superficielles de notre conscience du quotidien.

Et l'affirmation de son vrai Soi est si subtile. Nous pouvons pensez l'affirmer et être encore dans l'illusion. Nous pouvons bien nous regarder en méta pour vérifier que l'on agit au lieu de réagir, quand nos ombres nous rattrapent par une porte entrouverte.

L'art d'être bien Soi, c'est cet état intérieur plus précis que la précision elle-même, à jamais introuvable, simplement qui s'ose, qui s'expérimente. On commence par faire des erreurs, nécessairement. On se jette sur des chimères, on apprend, et un jour on perçoit les lointains reflets de ce Soi dont nous ignorions l'immensité et la beauté. 

Paradoxalement, vouloir à tout prix se connaître, s'affirmer, être authentique, vouloir trouver le sens, peut constituer une intention aussi bien d'y arriver que de bien se garder d'y arriver. C'est une manière de rester sur le plongeoir et se dire "Je veux plonger". S'affirmer, n'est-ce pas oser s'affirmer sans même savoir en quoi cela consiste ? N'est-ce pas poser le pinceau sur la toile et le laisser guider notre main, en donnant toute sa confiance en une force inconnue; en donnant toute sa confiance à la toile, en l'œuvre d'art qui est déjà là ?

Le Soi ne se trouve-t-il pas dans la manière que l'on a de tendre la main vers ce Soi sans le trouver; le geste fou de lancer sa main vers une étoile, de se laisser gagner par la tristesse de ne pouvoir la cueillir, puis de se rendre compte qu'en faisant ce geste, le corps a pivoté, pour commencer une danse peut-être.  

Le sens, n'est-ce pas se laisser traverser par le sens, sans rien maîtriser, contrôler, comprendre; Laisser la danse nous inviter à danser; aller sur la piste sans savoir ce qui se dansera, se laisser traverser par ce sens qui ne se trouve pas et le laisser guider nos gestes.

Tel le Soleil, lorsque nous rayonnons à l'extérieur ce que nous sommes à l'intérieur, comme par magie, des personnes viennent nous voir, avec qui nous nous sentons simplement bien, juste bien, au niveau personnel comme au niveau des compatibilités professionnelles. Nous trouvons le bon investisseur, celui dont l'argent ne va pas dissoudre notre marque mais la renforcer. Nous trouvons le bon recruteur, le bon collaborateur, le passionné que nous n'osions pas rêver de rencontrer. La personnalité à la fois comme nous et complémentaire. La pièce du puzzle qui manquait à notre équipe. La personnalité disruptive, originale et à la fois fondamentalement digne de confiance qu'il manquait.

Lorsque l'on ose briller, dans un lâcher prise complet, on se laisse tomber, lourdement, dans la spirale des rencontres belles, magiques, inespérées. Parfois, vous trouvez des personnes qui vibrent en parfait alignement avec ce qu'elles sont, ce qui donne à vos relations harmonie et cohérence, associées à ce petit éclat de magie qui se reflète dans vos regards, cette magie de s'autoriser autre chose sans savoir trop quoi. Cette magie qui dévoile le non-sens de ce sens que l'on cherchait tant, car tout est simplement là. Et en tant qu'entrepreneur, candidat, dirigeant, des portes s'ouvrent, souvent celles auxquelles vous n'auriez pas pensé. Etre Soi, c'est devenir le Cygne Noir de ses concurrents. Etre Soi, c'est se retrouver dans un marché porteur pour ses activités, parce que le marché c'est l'Autre, reflet de Soi qui apparaît dorénavant solide, légitime, noble et beau. L'actualité négative devient pleine d'espoir lorsque l'on a goûté à la sensation de déplier ses ailes.

Toutes les modélisations financières rassurantes ne prennent pas en compte la possibilité qu'à une entreprise de réussir, parfois contre toutes probabilités, car elle s'est trouvée, à l'image du dirigeant qui s'est lui-même trouvé et qui a encouragé son équipe dans cette même démarche.

Bien à vous tous

Matthieu Lassagne

Coach et superviseur certifié spécialisé sur le haut potentiel intellectuel et émotionnel

Ma présentation dans ce podcast