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La plume sur la photo, m'évoque l'envol, et aussi l'écriture, donc
l'élaboration.
En faisant le lien, cela m'évoque l'envol comme possibilité d'élaboration.
L'élaboration a pour moi un immense sens symbolique, c'est, en psychanalyse, la personne qui
pose des mots sur un trauma : ce n'était que sons, ce n'était qu'émotions, c'était là, c'était ça, et maintenant ça se complexifie en des milliers de mots, de petits mots. Et c'est mis en
circulation dans la relation à l'autre. C'est socialité, donc reconnu. La honte n'est plus.
Nous avons tous un trama : la naissance. L'arrivée forcée dans cet univers
incompréhensible;
Qu'est-ce que je suis en train d'écrire ? L'élaboration, c'est le voyage vers
l'Autre.
L'envol est donc un voyage vers l'Autre.
L'envol comme voyage vers l'Autre, je vous propose que l'on s'attarde un peu là
dessus ensemble.
Il y a un paradoxe intéressant dans ce sujet.
L'envol s'émancipe de l'Autre. Et l'envol permet de retrouver un Autre plus
juste, plus vrai.
Je parle bien sûr de l'Autre avec une majuscule, au sens symbolique, cet image
de l'autre que l'on se fait, et donc cet autre que l'on va attirer à l'extérieur.
L'envol est finalement un réajustement de la relation à l'Autre, qui donc transforme cet autre, change cet Autre.
L'envol, plus précisément, met de la liberté, de la légèreté dans la relation à
l'Autre.
Et c'est pour cela qu'à notre époque, l'envol, au sens développement personnel,
au sens professionnel, est si culpabilisé. Et que dans les familles, la personne atypique (parce que HPI, Asperger et/OU autre différence) est souvent culpabilisée de prendre de la
liberté. Surtout si cette personne "devait" (pour des considération obscurantistes) rester en dehors des personnes qui décident dans la société.
En toute neutralité politique et sans aucun jugement, je dirais qu'il convient, selon moi, d'avoir conscience que la critique de la réussite est fondamentalement aristocratique. Car elle a
comme résultat de maintenir au pouvoir ceux qui n'ont aucune culpabilité d'y être, ceux à qui l'on a donné cette confiance tranquille.
Je fais partie ce ceux qui respectent le pouvoir, au même titre que je ne vais pas dire qu'un ruisseau, un rocher, un arbre n'est pas à sa place, mais qu'il gagnerait à être diversifié
en encourageant les personnes qui n'aiment pas le pouvoir, justement pour cela, d'accéder aussi au pouvoir, pas à la place de, mais à côté de.
Revenons à l'envol.
L'image me vient de l'avion qui vole au-dessus des
nuages, cet avion que l'on voudrait clouer au sol, au nom du bien (comme toujours, pour empêcher quelque chose de
s'envoler), quand on regarde dans le hublot, est-ce de la déconnexion comme nous le lisons souvent dans les ouvrages de sociologie ou de psychanalyse ? (critique des apatrides, critique de
désir de réussite)
Est-ce que cela, c'est de la déconnexion ? (je parle bien sur de ce que symbolise l'avion : cette possibilité d'être un
individu, qui s'émanciper, réussir, s'autoriser à vivre)
Non, cela m'évoque plutôt la beauté. La fusion entre l'intuition (l'oiseau) et
la structure (l'appareil) qui donne l'être humain qui n'est plus moral (Nietzsche), mais conscient.
L'envol, cela m'évoque la découverte d'un ciel qui perd de son
mystique...pour trouver une âme. Un ciel qui perd son caractère menaçant, lourd, qui écrase (si tu t'envoles, quelque chose là haut va te punir !) pour
devenir un espace d'élaboration, de conscience, de pensée.
Comme en psychanalyse, où il s'agit, toujours un peu plus, de faire reculer les
frontières de l'obscurantisme.
Au fond, pourquoi s'envoler dans une carrière à l'échelle internationale par
exemple ? Quel sens à cela ?
Justement parce que c'est menaçant, ça pèse, on vous dit que ça n'a aucun sens,
que c'est mal. Parfois, on veut que vous restiez cette personne sympa et un peu en manque de confiance, pleine d'humilité et qui ne pensera jamais tout à fait par
elle-même.
Quel sens à cela ? La carrière, on s'en fout. Ce n'est que le moyen de découvrir
un espace de pensée, une manière d'interagir avec l'autre, qui ne devait pas avoir lieu dans cette vie. Qui vous était interdite.
Tout est symbolique.
(Dans d'autres cas, l'exemple est aussi beau d'une personne qui "devait" faire
carrière, et qui décide d'arrêter de travailler. C'est ce "devait" dont on s'émancipe par l'envol).
"devait" cela m'évoque évidemment la notion de l'émancipation de la
dette.
Ce que j'aime dans le coaching, c'est ce moment qui arrive et qui ne
"devait" pas avoir lieu, où la personne cliente, à un moment complètement imprévu, en réponse à une question qui me semblait moins pertinente que toutes les autres, s'autorise quelque chose, et
lâche quelque chose. Et c'est léger.
Comme une plume.
Bien à vous tous
Matthieu
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